S’il y a bien une question que chaque photographe connait par cœur c’est:
Comme si une photo réussie dépendait uniquement de l’appareil utilisé. Personnellement cette remarque je la trouve intéressante car elle traduit une idée préconstruite : plus l’appareil est cher, meilleure serait la photo. Peut-être que cette légende urbaine fera un jour l’objet d’un article ici. Mais aujourd’hui nous allons opposer deux choses : l’homme et la machine. Non il ne s’agit pas d’un duel sanglant tout droit sortie d’un film hollywoodien mais bien d’une opposition entre un appareil photo et un créatif. Fight !
L’appareil photo : la machine infernale
Chaque photographe a un jour été confronté au choix d’un nouveau boitier ou d’un nouvel objectif. Tel appareil a telle option en plus, tel bouton en plus, il fait tant de mégapixels. Plutôt hybride ? Reflex ? Zoom ou focale fixe ? Il y a des millions de combinaisons possible, c’est la jungle du marketing et les constructeurs en jouent. Mais cette guerre des détails bride – selon moi – la créativité.
En effet l’appareil photo n’est en soit qu’un outil. Un outil qui a un coût important certes, mais un outil, au même titre que la truelle pour le maçon, le four pour le boulanger ou le pinceau pour le peintre. Comme tous mes collègues artisans, j’ai donc des outils et il est important de savoir s’en servir au bon moment. Certaines fonctions des appareils photos nous assurent une meilleure réactivité, une meilleure batterie, une meilleure précision. Mais tout cela n’est au final que du confort de vie. Voyez un peu cela comme une voiture sans les options : c’est beaucoup plus agréable quand elles y sont toutes, mais ça marche aussi très bien sans.
La preuve en est pour des photographes intemporels comme Cartier-Bresson ou Ansel Adams. A leur époque pas de technologie de pointe et de numérique, et pourtant les belles photos sont là. Leurs photos sont encore aujourd’hui très belles car elles ont un auteur, une vision, un style qui les distinguent.
Maintenant parlons d’un point brulant. Certains photographes ne jurent que par lui, d’autres le déteste au plus haut point. Je parle bien entendu du téléphone portable. Avec eux la photo n’a jamais été aussi simple. Prenez votre portable, ouvrez votre appli photo, appuyez sur le bouton rond en bas de votre écran. Vous avez une photo. Simple non ? Pourquoi s’entêter à apprendre des techniques et des réglages ? Pourquoi s’acharner des heures à vouloir retoucher à la main quand une intelligence artificielle fait tout pour vous ? Pour moi le smartphone, aussi couteau-suisse soit-il, est un modèle réduit, un échantillon de ce qu’un appareil photo propose. Il est techniquement décent sur certains aspects, mais il n’égalera jamais – en grande partie pour des questions de taille et de coûts – un appareil photo.
Vous l’aurez compris, la photo ne se résume pas tant à un appareil. Sinon tous les photographes se seraient transformés en photobooth ou en cabine photo. La photographie c’est aussi… une histoire d’humains.
Le photographe : la vie d’artiste
Comme beaucoup d’artisans je dois travailler avec de la matière première. Ma matière première à moi c’est l’humain. Ce sont les gens qui font les photos. En faisant du mariage, des photos de familles ou même en portrait, je suis confronté à ce qui a de plus beau dans l’humanité : des joies, des rires, des larmes, des surprises. Les machines sont encore loin de comprendre les émotions.
Autre avantage du photographe sur la machine : la personnalité. La personnalité du photographe ressort la jour de la prise de vue, mais également dans son « style » lors de la retouche. Donnez la même photo à 10 photographes, vous aurez 10 photos différentes au final. Je vais essayer d’aller chercher du lumineux, là où des collègues vont essayer d’aller chercher plus de contraste ou au contraire de jouer sur les ombres.
Autre petit détail qu’ont les photographes : des yeux. Parfois il est bon de décoller l’œil de l’œilleton et d’observer. L’observation permet de comprendre la lumière et surtout de composer un cadrage. Il est plus difficile pour un appareil photo de marcher sur ces petites pattes pour changer le cadrage de lui-même.
Pour finir je voudrais faire rentrer une troisième personne dans notre couple photographe / appareil photo : le public. On peut prendre des photos pour soi, mais la finalité de tout photographe est de montrer son travail. Le public, c’est lui qui tranche. A grands renforts de likes sur Instagram ou sur Facebook, c’est le public qui s’empare de la photo et lui donne une vie. Comme n’importe quelle œuvre, elle n’appartient plus à l’artiste mais à l’audience. C’est vous, chers lecteurs qui décidez si vous aimez ou non mon travail.
Enfin, à chaque photographe je voudrais dire un mot. Que vous soyez sur votre téléphone, sur l’argentique de votre arrière-grand-père ou sur du matos de pointe à plusieurs milliers d’euros : une chose anime tous les (bons) photographes : la passion. C’est la passion qui vous donne envie d’attraper votre appareil et de créer un certain type d’image. La passion nous permet de réussir de belles images. C’est cette même passion qui nous pousse à dompter l’appareil photo et à en tirer les meilleurs clichés. C’est donc vous, c’est donc moi, c’est donc n’importe qui avec une caméra entre les mains. Vous êtes les créateurs de belles images.